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Emotions_Webzine N38

l’histoire de deux « routiers sympas » comme on disait à l’époque. C’était pour France 3 et il s’appelaient Bruno et Albert. On a passé notre permis poids lourd et on a tourné notamment dans cette région. Je jouais avec ce comédien hélas disparu qui était aussi mon ami, c’était Ronny Coutteure ... ça s’appelait « Deux de conduite ». On a fait une fois et demi le tour de France et l’on est passé par cette région, au Lac du Salagou notamment ... J-L B : Vous êtes d’ailleurs déjà venu à Pézenas dans la cadre du Festival de la Mirondela dels Arts ... PS : Je suis effectivement venu il y a une quinzaine d’années jouer un deuxième rôle emblématique, ce sont d’ailleurs peut être les deux plus beaux rôles de ma vie, avec Figaro, puisqu’il s’agit de Cyrano de Bergerac. Cyrano a été en quelque sorte le rôle qui a présidé à ma vocation de comédien, puisque quand j’avais 14/15 ans, mes parents m’ont emmené à la Comédie Française, voir Jean Martinelli qui jouait Cyrano. Quand je suis sorti du théâtre, j’ai dit à mon père : « Voilà, je serai comédien et je jouerai un jour Cyrano de Bergerac ! ». Et 30/35 ans plus tard, je l’ai incarné au théâtre ! J-L B : Et aujourd’hui, la 50ème Mirondela dels Arts vous jouez dans l’École des Femmes. C’est un tout autre registre que celui d’Edmond Rostand avec Cyrano de Bergerac. La scénographie de cette pièce que vous nous présentez est assez singulière, et chargée de symbole ... P S : Moi je l’aime beaucoup, c’est vrai qu’elle est singulière car elle essaie de s’inscrire dans un paysage plutôt XVIIIème siècle, sachant que Molière c’était plutôt le XVIIème siècle. Il y a un anachronisme quelque part avec cette gloriette qui fait office de cage. On la voyait souvent dans les parcs où les gens allaient se reposer, prendre l’air ou converser. Cette gloriette est donc cette cage dans laquelle j’enferme Agnès, la jeune protégée que j’ai arrachée à sa mère contre de l’argent et que j’ai formée à l’idiotie la plus totale. Dans tous mes calculs j’avais oublié qu’un être humain est un être vivant, sensible et intelligent. Ce n’est parce qu’il est inculte qu’il n’est pas intelligent, et Agnès le prouve à la fin de l’histoire. J’ai le sentiment, en travaillant ces vers, et que les comédiens avec qui je joue sont d’accord avec moi, que Molière a eu du génie dans ce travail sur l’École des Femmes, il en a eu ailleurs, mais il faut dire que l’École des Femmes est un petit bijou complètement fini, abouti, il n’y a pas un vers inutile. Il n’y a pas un vers qui sonne faux, je suis en extase davant ce texte ! « Molière est allé au bout des idées les plus belles et les plus lucides sur la vie, sur l’Amour, la relation entre les hommes et les femmes. Il nous offre une pièce giganstesque et y jouer dedans est un cadeau pour moi ! » Pierre Santini


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