Page 154 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Le carnet de pesage
Les peseurs jurés se transportaient sur tous les lieux, publics ou pri-
vés, sur lesquels se trouvaient les marchandises qu’ils devaient peser. Ils
inscrivaient, chacun, leurs opérations au fur et à mesure qu’elles se pro-
duisaient sur un carnet personnel qui leur était mensuellement confié par
l’Administration Municipale et dont tous les feuillets avaient été cotés et
paraphés par le Régisseur Principal du
service du pesage, jaugeage et mesura-
ge de la ville de Marseille.
Ainsi, toutes les opérations de
pesage effectuées par les peseurs jurés
étaient inscrites journellement et au fur
et à mesure du pesage sur le carnet. Le
carnet était donc, de beaucoup, la pièce
la plus importante de la comptabilité.
La couverture du carnet consti-
tuait la commission où étaient inscrites
les prescriptions auxquelles le peseur
devait se conformer. Il était tenu d’y
inscrire jour par jour et non ailleurs
tout ce qu’il pesait ou mesurait dans le
courant du mois, en ayant soin de ne
jamais omettre d’inscrire la date en tête
de chaque page.
La tenue du carnet était considé-
rée comme une qualité essentielle du
peseur ; il devait y inscrire avec la plus
grande clarté et la plus grande netteté,
en indiquant, de manière précise, tous
les renseignements indispensables à la
bonne compréhension de l’opération et
des circonstances dans lesquelles elle
avait été effectuée. Il fallait que l’exa-
men du carnet permette la reconstitu-
tion de l’opération.
En toutes circonstances, on clas-
sait toujours les poids par dizaines, ce
Carnet Auxiliaire D, de Joseph Maurin, avec 2 opérations de pesage
qui facilitait le comptage et les addi- effectuées le 28 Juin 1940. Photo peseurs jurés
tions ; lorsque les poids des sacs étaient
très variables, le peseur ouvrait des dizaines commençant par des chiffres dif-
férents et y mettait tous les poids correspondants à ces dizaines.
Tout cela pour permettre au peseur d’effectuer les additions tout en
pesant et il arrivait très souvent que la billette était remise au requérant à
la fin d’un chantier de 2625 sacs de graines oléagineuses, au tout dernier
sac pesé, et ce après avoir ingurgité près de 270 additions de dix poids à
3 ou 4 chiffres le plus souvent, sans machine à calculer.
Lorsque les portefaix s’arrêtaient un moment, le peseur comptait et
écrivait les totaux. As dans le domaine du calcul mental, il était capable
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