Page 22 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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- des instruments de mesure fidèles, justes et sensibles.
- posséder un ensemble de poids et de mesures légaux.
- enfin, le personnel qui instrumente doit être d’une probité totale, et se
constituer en véritable arbitre entre le vendeur et l’acheteur.
Ces conditions – sous des formes diverses – vont être retrouvées un
peu partout en France dès le Moyen Age ; les agents du Poids Public sont
nommés, soit par le roi ou le seigneur, soit par la commune. Quant à leurs
charges, elles peuvent être concédées à prix d’argent, ou bien ne pas leur
appartenir, les peseurs restant alors de simples fonctionnaires.
Il ne faut pas oublier qu’autrefois les instruments de mesure étaient
rares et que, surtout, il n’existait pas de systèmes de mesures bien défi-
nis (9) , mais seulement des conventions locales, très diverses en Europe.
Peu de gens savaient lire et écrire, et par suite, on faisait confiance
à l’agent du Poids Public ; par voie de conséquence, les mesures com-
merciales ne pouvaient être faites que par des personnes légalement
accréditées.
Quant aux instruments de mesure, ils n’étaient pas tous en vente
libre ; ainsi, il était interdit à quiconque de posséder dans son magasin, ou
dans son domicile privé, des instruments de pesage d’une portée supérieu-
re à 25 livres (Bordeaux) et à 36 livres (Marseille).
L’infraction à cette obligation était très sévèrement punie ; ce qui
montre bien, que malgré l’état d’anarchie, en matière de poids et mesures,
il existait néanmoins, un souci de protection commerciale, réalisé en par-
ticulier, par les peseurs des deux villes pré-citées.
Il faut attendre la Révolution Française et l’Administration
Napoléonienne pour que soit créé un service d’Etat, celui des Poids et
Mesures, qui devient par la suite le Service des Instruments de Mesures
(S.I.M.)
La tâche essentielle de ce service consiste dans la vérification des
instruments de mesure, selon des critères rigoureux ; de plus les agents
du S.I.M. peuvent verbaliser, ce qui n’est pas le cas des préposés au
Poids Public, qui ont abandonné depuis le XIX ème siècle toute fonction
répressive.
Il existait autrefois pas moins de cinq corporations distinctes :
- les peseurs jurés de commerce.
- les jaugeurs jurés de commerce.
- les mesureurs experts jurés.
- les peseurs jurés spéciaux de bois, charbon et bascules publiques.
- les peseurs mesureurs jurés de grains.
Par suite des arrêtés municipaux des 9 Avril 1892 et 5 Avril 1893,
toutes les corporations furent réunies en une seule, celle des peseurs mesu-
reurs jaugeurs jurés.
Dans une étude parue en 1839 et intitulée “Recherches des Poids et
Mesures”, Monsieur Quantin, archiviste du département de l’Yonne, nous
donne le “pourquoi” de la naissance d’une profession qui a duré quelques
huit cents ans.
“Pour la gestion et la conservation des poids et mesures publics, les
rois et les seigneurs établirent des personnes capables et honnêtes dont les
fonctions consistaient principalement à régler les transactions des
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