Page 24 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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la cour et desdits prud’hommes, avec le conseil de ceux qui dirigeront le
poids du Lauret (14) .
Nous avons décidé qu’un homme probe et honnête de la commune
de Marseille serait assigné au poids du Lauret, du grain et de la farine, ce
dit homme aura pouvoir et mission de punir comme il jugera juste, ceux
qui auront mal moulu la farine et il veillera à l’égalité des pougnadières
des moulins”.
Les statuts du milieu du XIII ème siècle font état d’un autre droit de
pesage frappant à l’entrée tous les grains et farines circulant entre le port,
la ville et les moulins du terroir : c’était le poids du Lauret, du nom de la
porte près de laquelle il fonctionnait, à l’Ouest du
cours Belsunce, vers sa rencontre avec la rue des
Fabres. Le droit était de un denier par charge de cinq
émines (environ 150 kg), et la perception en était
affermée par la commune, avec obligation aux
employés du fermier de rendre compte tous les
dimanches.
Le bureau des poids et casse fut respecté par
Charles d’Anjou, Comte de Provence et par ses suc-
cesseurs. Plus tard, lorsqu’en 1481, Louis XI
recueillit la succession des Comtes de Provence et
que Marseille fut réunie à la couronne de France, les
rois le maintinrent sous sa forme primitive jusqu’en
mars 1667, où Louis XIV rendit un écrit proclamant
Marseille port franc.
Il affranchit cette ville, son port et son territoi-
re de nombreux droits qui y grevaient le commerce,
à l’exception toutefois du droit de poids et casse que
le roi se réserva spécialement et qui continua d’être
perçu à son profit sur toutes les marchandises dont le
poids excédait 36 livres et qui s’importaient par le
port ou le territoire de Marseille.
A partir de cette époque les commis peseurs de
l’ancien bureau communal des poids et casse passè-
rent aux ordres des fermiers généraux et prirent, dès
Livre rouge, en latin
lors, la dénomination de commis peseurs du Roi.
Ils furent chargés de percevoir sur le poids de
chaque marchandise, les droits royaux nouvellement établis, et d’en verser
le montant entre les mains du receveur des fermes royales ; ils devaient
fournir un cautionnement en garantie de leur gestion.
Dès 1670, grâce à la franchise accordée au port de Marseille, le
commerce prit une dimension encore plus grande.
Il était impossible pour les négociants de transporter ce qu’ils
avaient à faire peser au bureau du Poids Public.
Un accord fut établi pour que les peseurs, munis de leurs instru-
ments, puissent se transporter sur les lieux même où se trouvaient les mar-
chandises à peser : domaines, quais et places publiques.
Ce mode d’opération est resté en vigueur jusqu’à la dissolution du
service.
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