Page 21 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Comme on le voit, il n’était nullement question de supprimer les
anciens “commis peseurs du roi” ; par contre il était tout à fait raisonnable
de procéder à une réorganisation du service du pesage.
Les arguments exposés montrent déjà la haute confiance qui était
attachée aux documents ou aux rapports d’expertise établis par les peseurs
jurés ; qu’on en juge en lisant les lignes suivantes extraites d’un procès-
verbal de l’époque : “...La plus utile protection du Commerce... c’est seu-
lement de veiller à la sûreté du poids”.
Peu de temps après la réunion du Conseil Municipal, le Directeur du
district de Marseille écrivait au Directeur départemental que “le pesage,
tel qu’il existait et fonctionnait dans cette ville, méritait toute la sollicitu-
de des corps administratifs”.
Aussi une véritable consécration gouvernementale vint, le
12 Décembre 1791, sous la forme d’un arrêté émanant du Directoire des
Bouches-du-Rhône : “considérant qu’à Marseille, lieu de commerce et
d’échange pour l’Europe et ... (de commerce) de gros pour la France ... pour
ces raisons, autorise la formation du corps des peseurs jurés de commerce”.
Et puisque l’organisation du Pesage à Marseille donnait toute satis-
faction, le gouvernement, en créant par la loi du 29 floréal AN X (19 Mai
1802) des bureaux de Poids Public dans les villes susceptibles d’en possé-
der, demande à la ville de Marseille “de lui adresser tous renseignements
sur l’organisation et le fonctionnement de son bureau de pesage”.
N’en déplaise à Monsieur de Buffon, qui ne voyait dans l’imitation
qu’un manque d’imagination, nous dirons plutôt que le gouvernement
donnait là une grande preuve de sagesse et adressait indirectement un
hommage aux peseurs marseillais.
C’est un autre coup de chapeau qui devait être donné beaucoup plus
tard par la Chambre de Commerce de Marseille- la plus ancienne des
chambres de commerce de France - dans une délibération de 1927 : “tous
les groupements intéressés ont rendu hommage aux services rendus par la
corporation des peseurs jurés de Marseille”.
“Un des grands traits de la Société du Moyen Age est la mise en cel-
lule de l’individu. Toutes les grandes entreprises furent collectives : ainsi
(6)
(7)
les croisades, les communes, la scolastique , le monachisme . C’est aussi
une décision collective qui a permis la création – au XIII ème siècle – de la
corporation des peseurs jurés de Marseille”.
Le Service des Instruments de Mesure- l’enfant chéri de Giraudoux-
joue essentiellement le rôle de gardien et de défenseur de la Métrologie
Légale. Ses agents ne sont pas des praticiens et laissent le soin de peser,
mesurer ou jauger (8) à des agents du Poids Public.
Effectivement, il faut reconnaître au service du Poids Public une véri-
table et vénérable noblesse ; véritable, parce qu’il s’agit d’une nécessité
économique provenant de la vente ou de l’achat de marchandises.
Vénérable parce que le Poids Public a existé de tout temps, avant même
l’existence d’un pouvoir ou la réalisation d’une administration communale.
Une opération de mesure faite par un agent du Poids Public, qu’il
s’agisse de pesage, de mesurage ou de jaugeage, exige l’accomplissement
d’un certain nombre de conditions. En effet, il faut :
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