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FOCUS MÉTIER
De l’Ovalie aux parcs à huîtres. C’est le parcours original de Brice Chevtchenko, 33 ans. Après une carrière
de demi de mêlée, en Pro D2, à Narbonne et Tarbes, le sportif a suivi, via Pôle emploi, une formation au lycée
maritime de Sète, et travaille aujourd’hui dans un mas conchylicole.
ue faire après une honnête carrière de rugbyman
Qprofessionnel, entamée à tout juste 18 ans ?
« Je suis allé voir le groupe Caminarem, à Béziers, ville où je
réside. Ils ont senti que j’étais un peu perdu », confie Brice
Chevtchenko. Deux bilans de compétences plus tard, des
lignes force surgissent. « Je suis fait pour être un sportif
professionnel - mais je l’avais déjà été et ne pouvais plus
l’être, du fait de l’âge -, et pour travailler en solitaire, dans
l’agriculture. » L’essai est vite transformé.
Les crampons remisés, place à une formation de
280 heures en culture marine. Le métier d’ostréiculteur,
« qui m’a toujours attiré », sonne comme une évidence.
« J’aime la mer, mais je ne peux pas être marin, du fait
d’un déficit auditif à une oreille », déclare-t-il. Les choses
s’enchaînent. Embauche, en septembre 2018, au sein
du Gaec Orkidia (3 salariés à l’année, 6 en haute saison,
en novembre et décembre), dans le groupement de mas
de Saint-Félix-la-Coquille, à Mèze. La société exploite
10 tables, neuf d’huîtres et une de moules, sur l’étang
de Thau, et produit environ 30 tonnes à l’année. Culture photos : Hubert Vialatte
Marine (Vendres) assure la commercialisation. Brice Chevtchenko sur sa barge motorisée, sur l’étang de Thau, le 26 novembre 2019
« Je me régale »
Le trentenaire, solide gaillard aux épaules larges, travaille
chaque matin, dès le lever du soleil. « Je me régale. J’aime
me retrouver sur l’eau, où les couleurs, rouges et roses, sont
magnifiques. Je n’ai pas le sentiment de me lever pour aller
travailler. C’était ma voie, s’enthousiasme-t-il, juché sur la
barge motorisée qui sillonne l’étang de Thau, en cet après-
midi de novembre, le mont Saint-Clair en ligne de mire. Mon
premier métier m’a comblé, le 2 me comble tout autant.
e
J’ai de la chance, car beaucoup se cherchent dans leur vie
professionnelle. » La force physique est un dénominateur
commun aux deux professions. « En phase de récolte, on
‘relève’ une centaine de cordes par voyage, chacune pèse entre
7 et 12 kilos. C’est dur », observe-t-il, tout en soulevant Huîtres collées la veille Contrôle de la pousse des
justement l’une de ces cordes, enroulées d’huîtres huîtres à la veille de Noël
bientôt prêtes à être consommées lors des fêtes de fin
d’année. « Mais c’est quand même une rupture totale avec par ma trajectoire. Beaucoup se sont mis à leur compte : vigneron,
le monde du rugby. Mes anciens coéquipiers sont intéressés ferronnier, maçon, commerce de frites fraîches… »
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