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COMMENT REBONDIR ?
Pris de court par le confinement, en lutte contre une récession historique, acteurs d’un dialogue
social inédit (mise en place du télétravail, port du masque en entreprise…), les dirigeants vivent
une année 2020 éprouvante. Au risque de trop s’exposer. L’association montpelliéraine
Amarok alerte sur la santé des patrons.
OLIVIER Cours en ligne. Olivier Torrès a créé au printemps
TORRÈS un cours en ligne, gratuit, pour les services de santé
au travail*, intitulé « La santé au travail des chefs d’entreprise ».
UNIVERSITAIRE ET PRÉSIDENT-FONDATEUR Au programme : gestion du stress, prévention du burn-out,
D’AMAROK
question du sommeil (« ne surtout pas sacrifier le sommeil
« Entreprendre sans s’épuiser est le véritable défi santé des pour le travail : à un moment, on le paie »), salutogénèse
(« entreprendre est bon pour la santé »). Olivier Torrès entend
chefs d’entreprise », martèle Olivier Torrès, fondateur intégrer les travailleurs non-salariés dans les dispositifs
d’Amarok, chercheur à l’Université de Montpellier et de santé au travail, alors qu’une réforme de la santé au
infatigable lanceur d’alerte sur la santé des patrons travail se profile. « Il faut que les services de santé au travail
de TPE-PME. Il y a, selon lui, un double déni. « D’un côté, s’ouvrent à la population des travailleurs non-salariés. Cela
le système de santé au travail délaisse les dirigeants. Le patron est serait une vraie conquête sociétale. On ne peut pas vouloir
souvent assimilé au grand capital. D’un autre côté, les dirigeants une retraite universelle à points, et dire en même temps
nous disent qu’ils n’ont pas le temps d’être malades. Or, beaucoup à des millions d’indépendants et d’entrepreneurs qu’ils en sont
d’entrepreneurs sont en quasi-burn-out. »
exclus. Du côté des entrepreneurs, à force de dire ‘ce n’est pas
La crise a épuisé les entrepreneurs. D’après une enquête grave’, à force de ne pas avoir de données épidémiologiques,
réalisée fin avril par l’observatoire Amarok et le Labex Entreprendre on n’a aucune statistique, le jour où il faut reconnaître
(Université de Montpellier), au terme d’un questionnaire ardu de les maladies longue durée. On est dans un désert de données.
120 questions, 1.900 dirigeants interrogés ont certes confié s’être Cela va changer, et c’est nécessaire : un chef d’entreprise est
reposés, par la force des choses, pendant le confinement. « Mais plus exposé à des problèmes de santé qu’un salarié d’un
rester à la maison et voir son entreprise brûler atteint la santé mentale », grand groupe ! »
observe Olivier Torrès. 30,5 % redoutent ainsi un dépôt de
bilan de leur société. 9 % des sondés nécessiteraient une aide * Médecins du travail, psychologues du travail, directeurs de services
ou une intervention extérieure. « En extrapolant, avec 3,2 millions de santé au travail…
de travailleurs non-salariés en France, près de 300.000 entrepreneurs À SAVOIR
présentent un risque sévère. Même si les entrepreneurs ont un décret de
la volonté, avec une forte intention d’entreprendre ». En complément OSE, POUR OCCITANIE SOUTIEN
des associations existantes (Apesa, 60.000 Rebonds, Re- AUX ENTREPRENEURS, EST UN DISPOSITIF
créer, Second Souffle, Amarok…), Bercy a mis en place DE SOUTIEN MORAL AUX ENTREPRENEURS,
un numéro vert (0 805 65 505 0) pour soutenir et écouter MIS EN PLACE EN JUIN PAR LA RÉGION
les entrepreneurs en détresse. OCCITANIE, AVEC LA DIRECCTE ET L’URSSAF.
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