Page 213 - Les Peseurs Jurés de Marseille
P. 213

Le Marché de la Plaine.




                                                                         Là encore quel univers !
                                                                         Le marché de gros de la Plaine était moins étendu que celui du
                                                                    cours Julien, et accueillait très tôt le matin, et ce tous les jours, les colis
                                                                    des maraîchers que l’on disposait au sol, tous alignés en d’innombrables
                                                                    rangées.
                                                                         Le pesage s’effectuait au contraire du cours Julien, avant la vente.
                                                                         Quelques commissionnaires en fruits et légumes s’éparpillaient
                                                                    aussi dans les rues adjacentes.
                                                                         Les jours de “grands marchés” (Mardi, Jeudi et Samedi), la Plaine
                                                                    était entièrement recouverte de marchandises, les colis étant alignés un par
                                                                    un, en d’interminables rangées, aux fins de pesage.
                                                                         Le portefaix, le porte-romaine et le peseur juré se faufilaient entre
                                                                    ces rangées, pour peser les colis (800 à 1000 en moyenne) à l’aide de la
                                                                    balance romaine, et ce de 2 heures jusqu’à 6 heures, les poids déterminés
                                                                    étaient inscrits sur le carnet de pesage.
                                                                         Le peseur juré avait autour du cou une corde à laquelle pendait une
                                                                    lampe électrique dont le faisceau éclairait la romaine, juste à l’endroit où
                                                                    le curseur s’arrêtait.
                                                                         En regard de chaque poids mentionné, le portefaix inscrivait par la
                                                                    suite, le nom de l’acheteur de chaque colis.
                                                                         Les mardi, jeudi et samedi, les forains prenaient place vers 8 heures
                                                                    et ajoutaient au brouhaha ambiant, en installant leurs tréteaux garnis de
                                                                    vêtements, d’appareils et autres ustensiles ; on trouvait là de tout, c’était
                                                                    une vraie caverne d’Ali Baba.
                                                                         Tout autour de la Place, des bancs permettaient à des petites gens de se
                                                                    reposer, ou aux “clodos” de cuver leur vin tout en mangeant à bon compte
                                                                    grâce aux largesses des cultivateurs, cela faisait partie du folklore, là aussi.
                                                                         Qui ne se souvient pas de Madame Olivier ?
                                                                         Quelques minots, pour récolter quelques pièces, apportaient en cou-
                                                                    rant, cafés et boissons à tous ces intervenants.
                                                                         Et le décor... d’un côté “Pelo” ( les Salons Pelissiers ), en face de la
                                                                    trouée vers le boulevard Chave et le tramway, sans oublier un autre “baletti”,
                                                                    le bar du Tunnel !






                                                                    Les Abattoirs




                                                                         Ils étaient situés, dès 1846, dans les quartiers Nord, en haut du bou-
                                                                    levard Bernabo, 15 ème  ardt. et ont fait eux aussi l’histoire de Marseille et
                                                                    appartiennent à l’épopée des peseurs jurés.
                                                                         Les abattoirs ont également une législation particulière, car même
                                                                    s’ils demeurent des établissements d’utilité publique soumis à la sur-
                                                                    veillance de l’autorité municipale, et que l’on se borne à y abattre et à y
                                                                    préparer des bestiaux, ils ne constituent pas des marchés.
                                                                                                                                                209 ——
   208   209   210   211   212   213   214   215   216   217   218