Page 215 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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monopoleur fera du marché ce qu’il voudra et surtout acquerra le privilè-
ge de taxer, ce qui une fois fixé à son profit pour un long terme, ne pour-
ra être l’objet de dégrèvement”.
Au cours de sa séance du 28 février 1890, le conseil municipal
décidait d’accepter définitivement l’offre des terrains conquis dans l’anse
de la Madrague Ville, offre faite à la ville de Marseille par décision minis-
térielle du 31 octobre 1889, moyen-
nant une location de neuf ans d’abord
puis de 99 ans, et adoptait les projets
d’abattoir, de marché et d’entrepôt
pour bestiaux.
Les commissionnaires, au
nombre de huit en 1890, sollicitaient
éleveurs et acheteurs. Ils établaient les
animaux reçus dans des enclos particu-
liers.
Ce qui était acheté pour le dehors
était réexpédié ; ce qui était acheté
pour la consommation locale était
vendu aux catégories d’industriels
appelés chevillards, qui faisaient abattre
et détaillaient aux bouchers.
Les bateaux qui faisaient de
l’importation, recevaient des bestiaux
de divers propriétaires pour divers
commissionnaires, différenciés entre
eux par des marques particulières. A
bord, tous étaient pêle-mêle.
Au débarquement, des agents à
Il fallait avoir de bons yeux ; Siméon Alabe, jeune peseur et futur président la solde de tous les commissionnaires,
de la corporation, est en train de lire le poids d’une pièce de viande, alors recevaient l’ensemble du chargement
que la romaine est située à plus de deux mètres de hauteur ! Photo peseurs jurés de chaque navire, conduisaient le trou-
peau dans le parc de l’un d’eux où
avait lieu le triage.
Les chevaux qui sortaient des cales des navires étaient fort mal en
point ; ces bêtes étaient d’une tristesse ! A croire qu’elles comprenaient où
on les menait !
Chaque intéressé fournissait ses hommes pour cette opération et
emmenait ensuite dans son propre parc ce qui lui revenait.
Si plusieurs navires arrivaient ensemble, la réception et le tri se fai-
saient de la même façon, les commissionnaires mettant successivement ou
simultanément leur parc au service commun.
La répartition des arrivages ainsi faite, il était procédé pour les bovins,
dans chaque enclos, à la séparation par marques, et à la division de chaque
marque en lots de 5 à 10 bœufs et de 20 moutons, chaque lot ayant, autant
que possible, la même valeur d’ensemble et recevant une marque distincte.
Cela fait, la vente se trouvait préparée. Il semble qu’à la fin du
XIX ème siècle on ait renoncé au mode à poids vif, comme susceptible d’er-
reurs et de fraudes. Pour la vente au poids mort, on procédait de la maniè-
re suivante.
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