Page 257 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Ces Hommes
et ces Femmes
qui ont fait l’Histoire
des Peseurs Jurés
ES hommes et ces femmes, (car elles ont investi le corps des
peseurs jurés depuis 1985, j’entends toujours les cris d’un
C “macho” de première, disant : “maintenant elles sont partout, elles
nous prennent tout !”) étaient de rudes travailleurs, ne renâclant pas à la
tâche mais ils savaient aussi vivre en dehors de leur métier.
Leurs passions ou leurs violons d’Ingres étaient tous plus extraordi-
naires, les uns que les autres et ce dans tous les registres.
Il suffit de lire cet extraordinaire “who’s who” recueilli par Roland
Vela, pour sa plus ample partie auprès d’un ancien de la profession, aujour-
d’hui disparu, M. Clément Prieur.
Prévert lui-même n’aurait d’ailleurs pas renié cet “inventaire”, car
on y compte des peintres, des écrivains, des poètes, des danseurs, des hor-
logers, des musiciens, des éditeurs, des préfets, des maires, des conseillers
municipaux, des comédiens, des représentants, des ingénieurs, des archi-
tectes, des professeurs, des experts fonciers et en philatélie, des notaires,
des footballeurs célèbres et un Secrétaire Général de l’Olympique de
Marseille, des sportifs de haut niveau, des grands photographes, des
arbitres de football, des soldats, des grands résistants, des aventuriers, un
ténor, un rabbin, et ....d’impertinents coureurs de jupons !
Certains ont vu leur réputation franchir les frontières ; il suffit de lire
la liste des célébrités ainsi que les anecdotes qui suivent pour savoir aussi,
par qui était composé, le corps des peseurs jurés :
Fortuné CHAILAN (1801)
Né à Aix en Provence, mort à Marseille en 1839. Ce peseur juré écrit deux
traités appréciés sur son métier. Auteur de théâtre : “Jules César ou le siège de
Marseille”, Théâtre Français (Gymnase), 1827, “le Magicien par hasard”, comédie,
id. 1828. Collabore au Frondeur Marseillais, en 1829. Polygraphe : “Histoire du cho-
léra”, avec A.Fabre en 1836, etc. Chailan lit à la société des Belles Lettres son livre
“Les Amours de Vénus”, bientôt publié et joué. Le succès sera immédiat de ce mono-
logue dialectal, où un paysan du terroir conte sa découverte de la scène marseillaise.
Second lieu commun, la mise en spectacle de “l’Etranger du dedans”, le nervi, le
déclassé, ou Chailan, puis Bénédit, journaliste au Sémaphore, excelleront. Succès là
aussi. 1840, représentation au Gymnase de “Lou Paysan” et “Lou Pastissier”.
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