Page 255 - Les Peseurs Jurés de Marseille
P. 255
Les peseurs jurés très attachés à leur métier, continuèrent à faire cor-
rectement leur travail, se déplaçant avec leur véhicule personnel, ne vou-
lant pas que leurs commettants subissent les conséquences de leur chan-
gement de statut.
Cependant le problème était posé et très rapidement l’Administration
municipale, en liaison avec notre président, qui était devenu directeur du
pesage, trouvèrent des solutions avec l’appui du Syndicat Général des
Municipaux Force Ouvrière.
Les peseurs jurés reçurent une dotation mensuelle de carburant et des
primes qui dans le cadre de la législation, permettaient de compenser les
contraintes spécifiques de l’exercice de la profession.
Là où le bât blessait, c’est que l’appellation de peseur juré n’exis-
tant pas dans la nomenclature municipale, on nous avait affublés du titre
de “préposé” !
Contre vents et marées avec notre appellation séculaire, nous
tenions à récupérer une part de notre honneur.
L’Administration municipale et en particulier M. Tourneau,
Secrétaire Général de l’époque comprirent notre demande et par arrêté du
er
1 Janvier 1979, les préposés du service du pesage reprirent l’appellation
traditionnelle de peseurs jurés.
Le premier exercice de la Régie directe du pesage, présenta un bilan
positif de 400 000 Francs. Fort de ce résultat et satisfait de notre attitude,
l’Administration municipale écouta nos demandes d’une oreille plus
qu’attentive. C’est ainsi que devant nous rendre à Caronte, Fos, Arles, et
même Carpentras, des ordres de mission furent établis pour couvrir et
défrayer les peseurs jurés qui se déplaçaient hors Marseille.
Sur le plan matériel, le Port Autonome ayant décidé de déplacer le
trafic primeurs du J4 au poste 78, il nous fut demandé l’installation d’une
bascule charretière, à deux ponts, qui par la même occasion devait aussi
remplacer la bascule de la place de la Joliette, devenue fort gênante pour
la circulation des véhicules.
La ville de Marseille nous confia la mission de négocier directement
avec le Port Autonome, l’implantation de ce qui allait devenir la bascule
du Maroc.
Devant la nécessité d’une telle opération, le Port Autonome décida
d’en assurer le financement, tandis que par le biais d’une taxe additionnelle
sur les tonnages pesés, nous remboursions les investissements réalisés.
Grâce à cette taxe et avec le développent de la palettisation, furent
installés au poste 78, quatre postes de pesage informatisés, et huit ponts
bascules à jauge de contrainte.
Ces ponts groupés deux par deux, transmettaient des informations à
une partie centrale programmée elle-même, en fonction des données intro-
duites par les peseurs jurés, au fur et à mesure du pesage des palettes. Deux
imprimantes pour chacune des quatre cabines de pesage, complétaient cet
ensemble moderne et efficace.
En face des divers bouleversements du passé, les peseurs jurés ont
traversé l’histoire, opérant différentes mutations, mais possédant toujours
les facultés d’adaptation nécessaires au besoin du moment.
C’est ainsi que de la romaine au microprocesseur, les peseurs jurés
continuèrent de “bien et fidèlement peser”.
251 ——