Page 270 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Des Histoires



                                                                               comme


                                                on n’en voit plus































                                  Jean Gohier s’est souvenu d’une aventure peu commune, survenue
                                  à un de ses collègues.




                                        Dans les années 1956-1957, des Liberty ships venaient décharger
                                  des cargaisons entières de blé en vrac, chacun avec 10 à 12000 tonnes, en
                                  provenance de la province de Manitoba (Canada).
                                        On travaillait aux 4 cales du navire, en tout 8 caisses avec 8 pèse
                                  grains chacune, à l’aplomb des mats de charge, chaque peseur juré sur-
                                  veillant 2 caisses.
                                        On faisait des piles de sacs dans les hangars, des livraisons pour les
                                  moulins de Marseille et de la région du sud-est, ainsi que des trains entiers
                                  en partance pour l’Italie.

                                        Un jour, à la fin de la journée, il manquait un des 4 peseurs jurés;
                                  après l’avoir vainement cherché partout et dans tout le hangar, y compris
                                  dans les piles de sacs, on s’était persuadé qu’il avait pu s’endormir dans un
                                  wagon, ou bien qu’il était tombé à la mer !
                                        On fait appel aux douaniers, qui avaient déjà procédé à la fermeture
                                  des wagons, et plombé ceux-ci, pour qu’ils les déplombent un après
                                  l’autre; presque arrivés vers la fin du convoi, ils finirent par trouver le
                                  peseur juré, dormant comme un bienheureux, couché sur des piles de sacs,
                                  lui évitant de se retrouver en Italie.
                                        Un travail démentiel obligeait le port à pratiquer les 3 vacations
                                  journalières de huit heures et les peseurs jurés doublaient souvent la vaca-
                                  tion, d’où la fatigue.


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