Page 273 - Les Peseurs Jurés de Marseille
P. 273
Pour éviter les “temps morts” !
Félix Pignon nous narre cette histoire :
Certains peseurs jurés étaient très connus pour leur pingrerie :
On sait que le règlement prévoit qu’un peseur ayant terminé une
opération ne peut se charger d’une autre, s’il n’a pas restitué au bureau
central, au moins le curseur de sa romaine.
Notre héros devait avoir beaucoup de “ chiffre “ à faire (quota men-
suel alloué à chaque peseur).
Arrivé au Quai de la Joliette, il prend ou arrache le curseur des
mains de son porte romaine et se met à courir à toutes jambes ; non loin
du bureau central, il tombe pile sur un enterrement qui s’organise.
Le cercueil est disposé perpendiculairement au trottoir et lui barre le
passage ; notre homme emporté par son élan et ne pouvant (ni ne voulant)
stopper, enjambe carrément le cercueil.
L’histoire ne dit pas si ce peseur a réussi à saisir une opération juteu-
se mais ce que l’on peut dire c’est que le mort, lui, est arrivé “à temps”.
Le cri de Zize, la callipyge !
Paul Bressin n’a pas oublié ce joli mot :
Un jour, une partisane, fouillant dans son tiroir-caisse, était courbée;
son portefaix, voyant le postérieur de la dame, ne peut s’empêcher de lui
distribuer avec sa main, une tape.
La partisane ne réagit pas, étonné et ravi, il recommence. Cette fois
la partisane se retourne et lui administre un “pastisson”.
Furieux le portefaix dit : “Mais Zize, la première fois, tu n’as rien
dit”. La dame répond : “Oui ! Mais la première fois, je croyais que c’était
le peseur” !
Voilà où mène le grec ancien !
Marius Bonnivard, en connaissait au moins cinquante comme cela, toutes
vraies :
Un peseur, féru de grec ancien, et numéro deux de son concours,
avait dit au major du concours précédent, ce trait d’esprit digne d’un
humoriste anglais :
“Il paraît que vous êtes l’alpha de votre concours ? Oui, en effet, et
on m’a dit que vous êtes le bêta du vôtre, avait répondu celui qu’il inter-
rogeait !”.
269 ——