Page 61 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Le corps des peseurs jurés disposait d’un personnel auxiliaire qu’il
rétribuait et dirigeait en dehors de toute intervention de l’Administration
Municipale ; il s’agissait d’un service de mécanographie dont le rôle était
d’établir les bulletins officiels de pesage, jaugeage, mesurage et ce d’après
les minutes consignées dans les carnets des peseurs jurés.
Un service de secrétariat centralisait l’ensemble de ces documents
établis et était chargé des relations avec les usagers du service, avec l’ad-
ministration centrale des douanes et autres services administratifs.
Un service de distribution de ces bulletins officiels se chargeait de
remettre ces documents aux intéressés 24 heures après que le pesage ait
été effectué.
C’était le corps des peseurs jurés qui assurait le fonctionnement du
service sous la direction de peseurs jurés élus au scrutin secret par l’en-
semble de la compagnie et suivant une réglementation précise.
La commission administrative disposait de pouvoirs disciplinaires ;
ceux ci, il est vrai, étaient limités par les règlements, puisque les sanc-
tions graves nécessitaient une proposition de sanction adressée à l’auto-
rité municipale.
Enfin, chaque peseur juré, quoique assermenté par devant le tri-
bunal de commerce, agissait avec une large indépendance, et exerçait
ses fonctions conformément à des règlements minutieux dont l’appli-
cation était surveillée par les peseurs jurés eux-mêmes.
Le peseur juré était, avant toutes choses, un arbitre impartial et indé-
pendant, dont le rôle consistait à départager équitablement les intérêts du
vendeur et ceux de l’acheteur, en déterminant officiellement le poids des
marchandises achetées ou commercialisées.
Son assermentation par devant Monsieur le Président du Tribunal de
Commerce conférait à son intervention un caractère officiel ; à ce titre les
bulletins de poids officiels faisaient foi en justice.
Sans entrer ici dans le détail d’une organisation complexe, préci-
sons que l’indépendance des peseurs jurés se trouvait accrue du fait
qu’ils n’avaient pas de clientèle personnelle : en effet aucun vendeur ni
acheteur ne pouvait choisir le peseur juré qui devait opérer et la
désignation de ce dernier était faite par les peseurs jurés eux-mêmes
suivant une règlementation intérieure très particulière, dans laquelle
l’ancienneté au sein de la corporation représentait le facteur essentiel.
Enfin, et puisque les peseurs jurés étaient des hommes qui écrivaient
beaucoup de chiffres (citons Lord Kelvin : “On ne peut bien connaître un
sujet qu’avec des chiffres”) qu’il nous soit permis d’en citer quelques uns
de nature à donner une idée de ce que pouvait représenter l’activité de cette
organisation à Marseille.
Les peseurs jurés disposaient à l’orée du XX ème siècle d’un impor-
tant matériel de pesage constitué notamment par :
1600 balances romaines, 200 bascules mobiles, 18 bascules en l’air
(pesons) dont une de 10 tonnes et une de 30 tonnes, 10 bascules fixes à
bestiaux, 90 pèse-grains ensacheurs automatiques, 3 fléaux spéciaux pour
le pesage dit “à la coupe”, 50 trémies coniques, 3 balances Schopper de
20 litres, 13 ponts bascules à camions dont 6 de 80 tonnes.
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