Page 162 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Jusqu’en 1985, la plupart des opérations de pesage étaient effectuées
à l’aide de cet instrument lorsque le pesage unitaire était demandé ;
cependant cet appareil bien que très simple devait être entretenu et
vérifié fréquemment.
Pour chaque opération de pesage il fallait un peseur, un porte-
romaine et deux portefaix ou barréjeurs, qui soulevaient à l’aide d’une
barre en bois placée sur leur épaule, la romaine qui y était suspendue par
son crochet haut, à laquelle on suspendait à son crochet
bas, le colis à peser.
Les portefaix se baissaient, accrochaient les colis
et soulevaient le tout. Le porte-romaine saisissait au vol
la romaine et son curseur coruscant (88) , lorsque le peseur
écrivait le poids déterminé du colis, sur son carnet.
- Les Crochets : matériel indispensable à la balance
romaine pour soulever les colis destinés à être pesés.
En général, leur poids était de 1 kg que l’on devait
vérifier avant chaque opération car ils ne nous appar-
tenaient pas.
Les portefaix les apportaient avec la barre et la tenta-
tion parfois était grande de diminuer leur poids de
telle façon que les colis apparaissent moins lourds,
bénéfice indiscutable pour le réceptionnaire.
Les jeunes peseurs étaient pris pour cible, ayant moins
d’expérience ; parfois quelque portefaix mal intention-
né, soulevait le sac au moment du pesage avec son
pied ou bien avec une aiguille qu’il avait dans sa main
droite, qui normalement servait à recoudre les sacs.
Mais ces peseurs ouvraient l’œil car ils avaient été
avertis par leurs aînés, à qui il était impossible de
faire passer des vessies pour des lanternes !
A la fin de l’opération, on déduisait du poids total, le
poids des crochets multiplié par le nombre de sacs.
Au marché du cours Julien et à la Plaine, le peseur
déduisait le poids des crochets, immédiatement en
pesant ; il lisait un poids sur la romaine et il en
annonçait un autre – il “chantait le poids” disait-on –
déduction faite du poids des crochets, exercice très
difficile au début, mais que l’on pouvait acquérir
avec le temps.
- La barre : matériel absolument nécessaire que les
“barréjeurs” ou portefaix mettaient sur leur épaule
afin de soulever la romaine et le colis ; cet instru-
ment finissait par les meurtrir et ils avaient sur le Bulletin de salaire d’un porte-romaine, année 1982
sommet de l’épaule un cal, conséquence de centaines
voire de milliers de tonnes soulevées.
De temps en temps ils alternaient et pesaient de l’épaule gauche ou de
l’épaule droite. Il était courant de les voir soulever 200 tonnes soit
2625 sacs, par journée de travail, à deux.
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