Page 192 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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En général une relation amicale faite à la fois de respect et de sym-
                                  pathie liait les peseurs aux partisanes.
                                        “Ah ! Ces partisanes, quels cœurs, quelles âmes” comme a dit le
                                  poète des “Cahiers du Sud”, Jean Ballard.
                                        Avec leurs incroyables habits, en hiver deux ou trois lourds jupons
                                  sous leur tablier et la “pointe” tricotée à la main, en lourde laine noire ; en
                                  été une guimpe à fleurs, un bonnet de dentelle ou un cornet en papier en
                                  guise de chapeau, elles étaient là, assises sur des piles de mussys, de bas-
                                  quets ou de billots, tout à fait
                                  indéracinables et toujours
                                  fidèles au poste.
                                        Toutes les opérations
                                  (réception de la marchandise,
                                  vente, pesage etc.) se dérou-
                                  laient en plein air ! En cas de
                                  pluie de gros parapluies per-
                                  mettaient (relativement !) de
                                  se mettre à l’abri. On com-
                                  prend que le métier de parti-
                                  sane soit pénible (ajouter à
                                  cela les horaires : de 2 heures à
                                  12 heures).
                                        Les partisanes n’ache-
                                  taient pas leur charge, mais en
                                  héritaient.
                                        Des personnages qui
                                  n’auraient pas été désavoués
                                  par Marcel Pagnol !
                                        Pour régler aux cultiva-
                                  teurs, le produit de la vente de
                                  leurs fruits ou légumes qu’ils
                                  avaient apportés, les partisanes
                                  arrivaient le matin, avec des
                                  sommes rondelettes sous la
                                  forme de billets de banque,
                                  qu’elles dissimulaient.... sous
                                  leurs jupons, bien rangés dans
                                  du papier gris. C’est cet endroit
                                  qui leur servait de coffre fort !
                                        Lorsque la partisane
                                  avait vendu tous ses colis et
                                  que tous ceux-ci avaient été
                                  dûment pesés, leur poids ins-
                                                                    De gauche à droite Victorine et François d’Arco montrant cerises et haricots fraî-
                                  crit sur le carnet appartenant à
                                                                    chement cueillis en cette année 1955. Photo peseurs jurés
                                  chaque banc, les peseurs pro-
                                  cédaient à l’établissement de
                                  notes officielles qui reproduisaient textuellement ce que l’on pouvait lire
                                  sur les carnets : noms des acheteurs, nombre de colis achetés, nature de la
                                  marchandise , nature de l’emballage et poids des colis avec additions faites
                                  par les peseurs.
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