Page 282 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Henri Cucurny a écrit ce poème, dédicacé à Jacqueline :
Sur les quais
Pendant que les bateaux manoeuvrent dans le port
au milieu des nuées d’exotiques arômes,
je construis dans leur bruit un fugitif royaume
où tes yeux verts ne sont que l’unique décor.
Sur les quais la poussière est lourde, mais qu’importe,
j’aperçois ton visage et tu souris encor,
ton souvenir, vois-tu, est le seul réconfort
que j’aime à retrouver dans l’ombre qui me porte.
Les grands oiseaux de mer qui passent dans le ciel
amusent mes regards d’un pénétrant mirage,
et je crois quelquefois découvrir ton image
dans les vagues traînées de leur vol irréel.
Tout à l’heure pourtant, au bruit d’une sirène,
fidèles compagnons toujours prêts à partir,
ils iront disperser ton frêle souvenir
dans les vents inconnus de leur course lointaine.
Et je resterai seul avec mon rêve. Alors
dans le hasard des quais, j’irai traîner mon âme ;
peut-être quelque essence au mystérieux dictame
saura me rappeler le parfum de ton corps.
Henri Cucurny. 1959
(A Jacqueline)
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