Page 52 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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L’attente de l’opération à rompus a institué un choix paradoxal, les
premiers se désintéressant des opérations qu’ils devraient normalement
desservir et recherchent celles qui leurs portent un manque à gagner de
façon à éviter de se trouver dans le cas prévu par l’article 32 avec obli-
gation d’exercer comme rappelé, après le dernier ; cette préoccupation
s’étend à tous les numéros.
Des dépassements importants sont alors enregistrés chez les col-
lègues derniers chargés d’assurer le service.
Les conditions nouvelles apportent un relâchement dangereux dans
l’application du règlement intérieur (absences nombreuses sur les princi-
paux ordres, envois hasardeux d’opérations peu intéressantes, ...).
Il en résulte un manque de cohésion, un affaiblissement de l’esprit
de corps et un laisser-aller inquiétant dans le soucis constant et majeur
que tout peseur doit avoir de bien desservir (34) ”.
Les années d’après guerre sont en effet marquées par des situations
nouvelles ; les peseurs du marché central ont vu leurs charges augmenter
d’une façon constante.
Ceux-ci protestent auprès de la commission administrative car “le
tarif en vigueur au marché n’a pas été réajusté depuis mai 1948, les frais
généraux, dont la plupart ont leur source dans le salaire des porte-
romaines, vont presque doubler par rapport à cette même date”.
En effet, une loi récente vient d’augmenter le salaire minimum
garanti, ce qui contraint d’augmenter une nouvelle fois notre personnel
dans des proportions non négligeables.
A la Joliette, les augmentations accordées au personnel sont com-
pensées par une augmentation automatique des frais de présentation et de
transport d’instruments, au marché c’est chaque fois une perte supportée
intégralement par le poste épargne (35) .
“Les peseurs demandent la prise en charge de l’augmentation
nouvelle accordée aux salaires des porte-romaines du marché, par la
caisse de compensation, afin d’encourager nos collègues dont les condi-
tions de travail, de plus en plus difficiles au marché, sont trop souvent
méconnues et dont l’isolement moral dans lequel on les a laissé jus-
qu’ici, engendre un certain état d’esprit qui risque, par le laisser-aller
qui menace de se généraliser, d’être dangereux pour notre corporation
toute entière”.
Au même moment le manque d’effectif obligeait la corporation à faire
appel à des retraités pour une desserte convenable du marché central :
“L’intérêt d’une pareille mesure est certain, mais les intérêts parti-
culiers sont certainement lésés, puisque des prises de bénéfices échappent
de fait à une catégorie bien définie, celle à qui le poste marché ou supplé-
ment marché ne vient pas, parce que remplacée par les retraités (36) ”.
Face à ces difficultés, la corporation tente d’organiser différemment
la caisse de compensation en 1947, et la caisse de solidarité, en cette même
année, légifère sur la limite d’age et le droit de vote instaurés en 1946,
avec des succès plus ou moins concluants.
“Si la mesure tentée avait eu réellement pour effet d’améliorer la
desserte du travail de façon satisfaisante, nul doute que chacun ferait
volontiers abandon de ces sommes, malgré leur ampleur.
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