Page 49 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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d’administration ou l’organisme d’état et les assemblées commerciales
ont une prépondérance absolue. Dans ces conditions, je crois de mon
devoir de signaler à l’attention de l’Administration Municipale que le ser-
vice du poids public étant, de par la Loi, un service strictement municipal,
ce service tendra de plus en plus a être évincé des ports ou des zones que
l’on paraît vouloir soustraire à l’autorité municipale”.
En 1942, le Service dont les attributions s’étendaient aux annexes
du Port situées entre Port-de-Bouc et Berre, se composait de 152 peseurs,
jaugeurs et mesureurs ainsi que d’un personnel auxiliaire d’environ 120 à
160 personnes. Il disposait de 35 locaux dont 17 échelonnés le long des
quais du Port de Marseille et abritant plus de 2 000 instruments de travail.
Pourtant la survie de la corporation dépendait moins de la munici-
palité que du Ministère des Communications (Direction des Ports
Maritimes), celui-ci prenait l’année suivante l’initiative d’un projet de
décret, au sujet de l’exploitation du service de poids public dans les Ports
Maritimes, tendant à substituer les Chambres de Commerce aux
Administrations Municipales.
Cette situation nouvelle intégrait les peseurs publics de France au
sein du personnel des services d’outillage des Chambres de Commerce et
diminuait les attributions des municipalités au bénéfice de celles des
Chambres de Commerce.
“Un groupe de peseurs jurés légionnaires ou amis de la Légion
Française des Combattants” écrivit le 19 février 1942 à M. L’Amiral
Darlan, car “...fiers d’un long passé de loyauté qui leur vaut la confiance
absolue du commerce, les peseurs jurés de Marseille, et plus particulière-
ment les soussignés se sentent quelque peu humiliés du peu de cas que l’on
semble vouloir faire des droits acquis par leurs mérites et par leur travail
; ils s’étonnent encore plus de la tendance à vouloir faire transformer leur
profession en salariat”.
La période de guerre
Le 3 mars 1942, le président des peseurs jurés recevait la réponse de
son courrier adressé à M. Roger de Saivres, chef adjoint du cabinet civil
du Maréchal, maintenant de nouveau l’autonomie corporative des peseurs
jurés de Marseille.
Pendant l’Occupation le rationnement des vivres devint une néces-
sité inéluctable et c’est vers les peseurs jurés que se tournait, à Marseille,
le Ravitaillement Général pour obtenir avec une scrupuleuse exactitude la
connaissance des rations qui pouvaient être distribuées sur place ou mise
à la disposition des régions avoisinantes.
“Notre règlement, remarquablement rédigé dans le but évident
d’éviter les fraudes et les abus en période normale, ne pouvait pas prévoir
que de 1942 à 1945 notre corporation supporterait les contrecoups de la
crise mondiale, situation qui a entraîné une grande élasticité du règlement
intérieur.
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