Page 45 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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“Considérant que les peseurs jurés de commerce sont une garantie
pour le commerce, considérant que la loyauté dans le commerce doit être la
base principale, considérant que les intérêts de l’acheteur et du vendeur
sont sauvegardés, considérant que sur la recette produite une somme variant
de 360.000 à 400.000 francs est versée dans les caisses des hôpitaux, pour
ces motifs, le conseil d’arrondissement émet le vœu suivant :
1, Que les lois existantes pour le pesage soient appliquées dans toutes
leurs rigueurs.
2, Que la ville fasse le nécessaire, et en vertu des dites lois, pour faire
entrer dans le droit commun la néfaste Compagnie des Docks qui est la
ruine de nos ouvriers du port”.
En effet Monsieur Engrand, chef de l’exploitation des Docks Libres
et Magasins Généraux de Marseille, et Monsieur Usslaub, administrateur
délégué, avaient, les 29 janvier et 4 février 1897, fait peser des marchan-
dises déposées aux Docks Libres afin d’être vendues à différents particu-
liers, au poids, aux enchères publiques, à la Bourse de Marseille et un bul-
letin de poids avait été délivré aux acheteurs par les dits Magasins
Généraux, avec indication d’une taxe exigible.
Le samedi 9 février 1897, à huit heures du soir le sous inspecteur du
service du pesage, jaugeage, mesurage et des subsistances de la ville de
Marseille, Rodolphe Meifret, assisté de Pierre Caprile, gardien de la paix,
se présentèrent à la porte des magasins généraux et salles des ventes
publiques, dits des Ports Sud, situés quai de Rive Neuve, à effet de péné-
trer dans l’intérieur pour y faire la vérification des instruments de pesage
employés et constater certaines opérations illicites commises au préjudice
du poids public.
Dès leur arrivée, ils ont été arrêtés par le contremaître du domaine
qui avait reçu des ordres précis de son directeur pour les empêcher de
pénétrer dans les magasins généraux.
Devant ce refus Messieurs Meifret et Caprile choisissent de persister.
Voyant Messieurs Meifret et Caprile continuer à vouloir accomplir
leur travail de vérification dans les magasins, le contremaître donna l’ordre
de fermer toutes les portes et de ne laisser sortir personne.
Ainsi François Dallest, peseur juré de commerce, qui venait de ter-
miner une opération de pesage dans le domaine, se trouva également
séquestré.
Au même moment, une circulaire parue sous le patronage de la
Société pour la Défense du Commerce et accompagnée d’un rapport de
Monsieur Richard, demandait l’abrogation des lois régissant le pesage
public.
Le corps des peseurs, jaugeurs et mesureurs jurés répondit en diffu-
sant un rapport sur le pesage libre à Marseille dans lequel il dénonçait une
campagne conduite pour favoriser quelques exploitants de Magasins
Généraux et non à l’avantage du commerce.
“Sous le manteau protecteur et puissant de la société pour la défen-
se du commerce, les directeurs de ces établissements, gênés dans leurs
opérations de pesage illicite, en suite de la surveillance exercée par la
Ville, unissent leurs efforts pour faire supprimer une loi sage et utile....
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