Page 41 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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En exécution de ce traité, un décret du 23 octobre 1856 concédait à
                                                                    la ville de Marseille l’établissement et l’exploitation d’un dock entrepôt
                                                                    aux clauses et conditions du cahier des charges annexé au même décret  (23) .
                                                                    Il résulte de l’art.8 de ce cahier des charges que le dock faisant l’objet
                                                                    d’une concession devait être divisé en deux entrepôts. (un entrepôt de
                                                                    douane et un entrepôt commercial proprement dit).
                                                                         Aux termes d’une convention approuvée par arrêté ministériel du
                                                                    5 novembre 1856, la ville de Marseille a cédé et transporté la concession
                                                                    précédemment citée à M. Paulin Talabot  (24) . Cette compagnie a été effec-
                                                                    tivement constituée en 1859, sous la forme d’une société anonyme, et sous
                                                                    la dénomination de Compagnie des Docks et Entrepôts de Marseille. En
                                                                    vertu de l’acte de rétrocession, la Compagnie des Docks devait payer à la
                                                                    ville 50.000 francs pendant les trente premières années et 100.000 francs
                                                                    pendant les soixante neuf autres.
                                                                         Les Docks ne pouvant plus se mouvoir dans les limites de cette
                                                                    concession primitive demandèrent et obtinrent, en dehors de toute partici-
                                                                    pation de la ville, des agrandissements successifs et considérables  (25) .
                                                                         Dans les premiers jours de septembre 1870, la Chambre de
                                                                    Commerce fut saisie d’un grave incident lors du débarquement du navire
                                                                    “Britannia” provoquant les réclamations des portefaix et ouvriers des
                                                                    ports, au sujet du travail dans les Docks.
                                                                         Les portefaix et ouvriers réclamaient la liberté absolue des quais ; le
                                                                    directeur des Docks invoquant les droits que lui conférait le cahier des
                                                                    charges demandait l’observation de ses règlements et tarifs.
                                                                         Dans un esprit de conciliation, que les circonstances graves du
                                                                    moment commandaient impérieusement, la chambre proposa et obtint la
                                                                    création du tarif n° 11. Ce tarif donnait au commerce la faculté de faire
                                                                    exécuter, par ses ouvriers, divers travaux ; mais à charge pour lui de payer
                                                                    une indemnité aux Docks alors même que cette compagnie ne fournissait
                                                                    aucun engin.
                                                                         Or pour la seule faculté de travailler sur les quais situés dans l’en-
                                                                    ceinte de la concession des Docks, les commerçants qui voulaient
                                                                    employer leurs ouvriers, étaient obligés d’indemniser les Docks aux condi-
                                                                    tions déterminées dans ledit tarif, lequel établi dans de telles conditions,
                                                                    ne put être utilisé ni par les négociants, ni par les ouvriers  (26) . Toute mani-
                                                                    pulation de marchandise opérée dans les Docks s’y effectuait sur la pré-
                                                                    sentation d’une pièce appelée commande, signée du déposant et indiquant
                                                                    les opérations auxquelles il devait être procédé.
                                                                         En cas de vente, cette pièce était double, l’une portant ordre de
                                                                    livraison et l’autre de réception ; l’une des parties pouvaient demander
                                                                    l’intervention du peseur juré.
                                                                         En 1880, des plaintes émergent contre le monopole créé en faveur
                                                                    de la Compagnie des Docks, exacerbées par la concurrence d’autres ports,
                                                                    Gênes notamment, et par le projet du percement du Saint-Gothard  (27) :
                                                                         “La Compagnie des Docks Nord reçoit aujourd’hui plus des 2/3 des
                                                                    marchandises importées à Marseille ; c’est donc pour les ouvriers des
                                                                    ports, à peine 1/3 de travail à faire en dehors de l’enceinte de la conces-
                                                                    sion des Docks. Il ne pouvait en être autrement, quant on voit les immenses
                                                                    avantages de cette Compagnie qui s’est affranchie des droits de pesage,

                                                                                                                                                 37 ——
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