Page 81 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Un des peseurs était chargé d’établir une comptabilité générale ; les
droits de pesage étaient perçus par ses soins. Il assurait le paiement des
frais occasionnés par l’exploitation du service.
En fin de mois, reversant à chaque peseur les droits communaux
afférents aux différents pesages pris en charge par chacun d’eux, il éta-
blissait le bénéfice net du mois qu’il partageait en autant de parts égales
qu’il y avait de peseurs de poste en ce bureau.
Aussi pour ces quatre services, les peseurs travaillaient mensuel-
lement à bénéfice égal ; le privilège de l’ancienneté ne s’exerçant que
dans le choix du meilleur poste et dans le nombre le plus réduit de tours
de garde.
Sous peine d’interdiction et de restitution d’honoraires, les peseurs
qui étaient attachés aux bureaux ne pouvaient exercer en dehors des
limites et des attributions de chacun des bureaux.
Cependant des peseurs attachés au bureau central de la Joliette
desservaient les remplacements ou les suppléments dans tous les autres
postes.
Cette méthode de travail, pratique pour des services centralisés à
surveillance réciproque, facile, n’a jamais pu être adoptée pour les services
de la ville et des quais où les peseurs devaient s’éparpiller aux quatre coins
de celle-ci et sur toute l’étendue des quais.
Au cours de la seconde guerre mondiale, le service du pesage aban-
donnait les 14 locaux dont la section technique disposait pour occuper des
locaux aux Chartreux, la régie et le bureau central étant déplacés 33 rue
Montgrand, 3 rue des Abeilles, et 41 cours Lieutaud.
Le 13 juillet 1944, des réservoirs étaient disposés dans la salle dite
des porte-romaines par les services de la marine allemande, et le 19 du
même mois, le président des peseurs jurés demandait aux services finan-
ciers de la ville de Marseille l’attribution d’urgence de nouveaux locaux de
remplacement car :
“Les autorités allemandes viennent de placer dans le sol face à nos
bureaux une puissante charge d’explosifs.
Cette charge est située de l’autre coté de la voie charretière, soit à
moins de 25 mètres de distance de notre façade ; la position de cette char-
ge, sous un pilier axial du pont passerelle aboutissant au hangar latéral
du quai, semble indiquer comme objectif l’écroulement du pont routier en
béton armé passant au dessus de notre bureau central, et s’ancrant au sol
de l’esplanade sur le mur de fond de notre bureau”.
Le bureau central ressemblait fort à une ruche par l’agitation qui
régnait en ce lieu. La présence d’une cinquantaine de peseurs, de presque
autant de porte-romaines, d’une vingtaine de copistes, employées à la
rédaction des bulletins de poids officiels et d’un service appelé Atelier du
pesage, faisait que du matin très tôt jusqu’au soir très tard, il y avait là, un
va-et-vient incessant.
Il faut aussi ajouter les requérants qui venaient chercher leurs bulle-
tins de poids ou bien venaient déposer leurs annonces pour des pesages à
venir et la présence d’une multitude de voitures, stationnées non loin,
indispensables pour le transport en tous lieux du porte-romaine et des ins-
truments de pesage.
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