Page 86 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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droit et les derniers de l’époque qui sont les anciens d’aujourd’hui ne se
considèrent pas comme dépouillés parce qu’il avait été pris une mesure
qui réservait les droits des premiers en donnant satisfaction aux com-
merçants (57) .
Ainsi l’arrêté de 1866, en supprimant les bureaux secondaires, insti-
tua deux bureaux, ceux de la Joliette et des Incurables, à compétence com-
plète, mais désormais réservés, comme le bureau principal, au roulement
à l’ancienneté absolue et le bureau de la place de Vivaux ou Criée aux
Poissons, exclusivement dévolu à la tête de la liste (n° 1 à 32).
Le bureau du marché central, peu important encore, seul abandonné
à quatre bas numéro (49 à 52), qui étaient appelés à y travailler mensuel-
lement à tour de rôle.
En 1870, un arrêté du 27 avril rattachait au service du pesage de
commerce celui des peseurs spéciaux de l’abattoir.
Les vacances produites dans le personnel spécial de l’abattoir sem-
blent profiter aux peseurs les plus anciens, attisant les rancunes (58) .
De là les réclamations de 1874 ; les réclamants demandèrent alors le
retour aux anciens usages “en vertu desquels tout peseur après un certain
nombre d’années d’exercice pouvait compter sur des moyens d’existence
assurés”.
“Le pesage des graines oléagineuses, très pénible, ne peut être fait
par des peseurs âgés ou d’une constitution frêle ; il y a parmi nous, des
peseurs, au nombre de dix, ayant de 40 à 50 ans de service, dont les forces
ne permettent plus d’aborder les graines oléagineuses, et qui ne trouvent
leurs modestes moyens d’existence que dans les opérations dites de «détail».
Dans cette catégorie, les huiles et les vins entrent pour la grande
part. Ce sont des opérations faciles, les plus rémunératrices, n’exigeant
pas de déplacement, elles sont en quelque sorte l’apanage de nos anciens,
car elles sont pour ainsi dire la crème de nos opérations de pesage, les
seules qu’ils puissent encore faire (59) ”.
La direction ayant été jusqu’en 1880 aux mains des dix plus anciens,
une tendance s’est manifestée à faire bénéficier les premiers peseurs des
changements du bureau. Une pénurie de travail (60) qui dura plusieurs
années amena les réclamations de 1886 et près de la moitié du bureau
demanda alors la caisse commune avec prime de travail. Cette moitié là,
qui n’avait accepté qu’en cause perdue les compensations par les mois
d’abattoir et de marché central venant remplacer les anciens postes, n’avait
pas changé d’avis en 1901.
Mais une bonne partie des anciens réclamants, trouvant à cette date
dans le travail un aliment suffisant, ont cessé de désirer un changement, de
crainte de voir leurs bénéfices diminuer à la suite d’une répartition nouvelle.
Pour comprendre les revendications il faut suivre les transfor-
mations, sous l’impulsion du progrès, que subissait alors le travail à
l’avantage des premiers.
“Ainsi la journée pour un chantier de graines oléagineuses était, il
y a peu de temps, de 40 à 55 tonnes, aujourd’hui un seul chantier pèse de
70 à 85 tonnes ; si la réception s’effectue en balles d’origine, le chiffre est
beaucoup plus élevé et le nombre des chantiers diminue donc au grand
bénéfice des peseurs employés.
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