Page 103 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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officiellement à la commission que sa secrétaire se marie avec un peseur,
dans le but de remplacer cette employée, une jeune fille de la caisse est
mise au courant.
“M. Bastide demande la suppression de l’emploi, il ne se rend pas
bien compte de ce que peut bien faire cette secrétaire. Le président indique
quelques unes de ses occupations. M. Bastide et M. Gavary soulignent
l’extension des services administratifs depuis leur entrée au bureau, tout
en reconnaissant la nécessité qu’il y a eu à évoluer depuis le temps où le
président lui-même pesait sur les quais (81) ”.
Rapports avec les Portefaix
“Une vie et un travail de tous les jours communs aux peseurs et aux
portefaix impliquent entre eux certaines règles de solidarité et de polites-
se auxquelles il serait dangereux pour les uns comme pour les autres de se
soustraire.
Le rôle même du peseur qui doit accomplir sa fonction d’arbitre et
de juge impartial avec la sincérité et la sévérité la plus stricte, nécessite
de sa part une fermeté et une dignité vis à vis des portefaix qui ne doivent
jamais se démentir.
Le peseur doit toujours être ferme et énergique avec les portefaix
sans toutefois montrer trop de raideur ; il ne doit pas non plus pousser à
l’excès une familiarité déplacée. Il ne doit ni les tutoyer ni se laisser
tutoyer par eux. Il est bon parfois de se prêter à leur conversation, de se
souvenir de leurs habitudes, de se rappeler telle ou telle journée mauvai-
se ou agréable passée avec eux.
Parfois dans les difficultés, les portefaix prendront le peseur à
témoin et de même que le peseur est l’arbitre entre le vendeur et l’ache-
teur, il pourra être appelé à juger l’opinion de l’un ou l’autre portefaix.
En dehors de ces considérations générales, le peseur devra s’habi-
tuer dès sa première opération de pesage sur quai, à imposer aux porte-
faix un pesage normal et rationnel ; il faut les obliger à ce qu’ils donnent
au peseur le temps absolument indispensable au coup de boulon qui déter-
minera le poids exact.
Il faut veiller à ce que le portefaix ne dépose pas le colis avant
d’avoir entendu le peseur annoncer le poids et aussi qu’ils préparent
l’opération en gardant toujours la place nécessaire au pesage, s’assurer
que les colis ne touchent ni le sol, ni le colis qui va être ou qui vient d’être
pesé.
Nous avons en effet l’entière responsabilité du pesage et nous ne
tolérerons aucun abus ; la manière lente permettra toujours d’effectuer
l’opération avec la perfection la plus absolue (82) ”.
Le 27 septembre 1892, le régisseur principal, inspecteur au pesage,
mesurage et jaugeage de la ville de Marseille, constatait à dix heures du
matin, sur le quai de Rive Neuve , lieu dit “quai aux sucres”, en face de la
direction des douanes, que le sieur Brun, qui n’est pas assermenté en qualité
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