Page 109 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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“Bon comme la romaine !”




                                                                         Saint patron des balanciers et des géomètres, Saint Michel est le
                                                                    grand peseur d’âme, il est toujours représenté avec une balance.
                                                                         Il représente la pureté et la lumière du ciel empyrée ; sous le
                                                                    7 ème  ciel, il y a la matière vile et méprisable : le dragon.
                                                                         C’est lui que les peintres et les sculptures romanes ou gothiques du
                                                                    Moyen Age montrent pesant les âmes en présence du souverain juge.
                                                                         Une ordonnance de Louis XI (Juin 1470) nous apprend que les
                                                                    balanciers feront, en processions et cortèges, bannière commune avec les
                                                                                                           fondeurs, chaudronniers, épin-
                                                                                                           gliers et graveurs de sceaux.
                                                                                                                Mais ce fut sans doute
                                                                                                           peu après la fin du XV    ème
                                                                                                           siècle que les balanciers eurent
                                                                                                           droit à leur propre bannière.
                                                                                                           Leurs armoiries étaient d’azur
                                                                                                           à la balance d’or, accompa-
                                                                                                           gnées en chef d’une fleur de lys
                                                                                                           du même, et en pointe d’un
                                                                                                           marc d’or.
                                                                                                                De nos jours Saint
                                                                                                           Michel est associé aux lessives
                                                                                                           qui lavent plus blanc que
                                                                                                           blanc ; il y avait autrefois du
                                                                                                           savon Saint Michel.
                                                                                                                L’idée de la balance
                                                                                                           n’est certainement pas celle
                                                                                                           d’un seul homme, mais celle
                                                                                                           de différents peuples, indépen-
                                                                                                           damment et dans leur diversité.
                                                                                                           Il est d’usage d’attribuer au
                                  M. Clément Amalbert, peseur juré et chef d’orchestre reçoit vers 1980 le diplôme et  geste de comparer (la compa-
                                  la médaille de Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques pour la Musique.
                                                                                                           raison naturelle de deux objets
                                  Photo peseurs jurés.
                                                                                                           pesants placés dans chacune
                                                                                                           des mains), l’invention de la
                                                                    balance à fléau. On retrouve la balance à fléau dans les hiéroglyphes des
                                                                    monuments égyptiens, dans les inscriptions trouvées dans les cylindres
                                                                    babyloniens.
                                                                         Voici les secrets de l’échantillonnage d’une balance romaine.
                                                                         Une fois chargé d’une opération, le peseur devait choisir l’instru-
                                                                    ment qui lui était nécessaire et procéder à son échantillonnage.
                                                                         Pour le cas spécial de la romaine, il accrochait à l’anneau de sus-
                                                                    pension, un poids étalonné approchant du poids moyen des colis qu’il
                                                                    devait peser.
                                                                         L’échantillonnage terminé on inscrivait sur un registre spécial le
                                                                    nom du peseur, le numéro et le tirant de la romaine, l’heure de sortie, une
                                                                    des colonnes étant réservée à l’heure de rentrée de l’instrument.

                                                                                                                                                105 ——
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