Page 97 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Suite à l’émoi de la corporation provoqué par cet article, le président
                                                                    de la commission administrative crut devoir faire, sans tarder, une mise au
                                                                    point afin qu’aucune accusation ne puisse être portée contre quiconque.
                                                                         Car l’annonce faite par les journaux ne devait être interprétée ni
                                                                    comme un coup de force ni comme un coup de surprise : elle était la suite
                                                                    logique des tractations engagées.

                                                                         “Le conseil municipal n’a pas décidé la fusion des deux corps, il a
                                                                    modifié la répartition du tarif «bascules publiques» ne rendant sa décision
                                                                    exécutoire qu’une fois pris les arrêtés.
                                                                         C’est donc une offre officielle qui nous est faite, c’est mieux que la
                                                                    parole d’un élu, c’est une promesse de l’administration municipale. Et il
                                                                    convient de remarquer que le procédé est assez rare car il n’est pas d’usa-
                                                                    ge en effet que ce soit la collectivité qui fasse une offre à une entreprise.
                                                                    Ce n’est pas nous qui sollicitons, c’est la ville qui propose”.
                                                                         L’affaire remontait à plusieurs années, au moment où les mesureurs
                                                                    avaient déjà porté leurs doléances à l’administration municipale ; les
                                                                    peseurs conseillèrent de municipaliser le service des mesureurs.
                                                                         En décembre 1930, l’administration fut saisie d’une demande éma-
                                                                    nant du commissaire contrôleur.
                                                                         Le président proposa de diriger les mesureurs sur le service de l’oc-
                                                                    troi. Entre temps les employés municipaux forts de leurs statuts, protestè-
                                                                    rent contre l’incorporation éventuelle dans leur service de nouveaux venus
                                                                    susceptibles d’amoindrir leurs chances d’avancement.
                                                                         En effet, depuis une dizaine d’années diverses modifications dans
                                                                    les conditions d’importation et de vente des bois, le développement des
                                                                    marchés d’autres ports, tel Bordeaux, la disparition à Marseille d’un cer-
                                                                    tain nombre de négociants en bois et l’appauvrissement graduel du marché
                                                                    des rhums, affaiblissaient progressivement les recettes du service des
                                                                    mesureurs dans des proportions catastrophiques.

                                                                         “Par démission et décès, ce corps actuellement réduit à dix unités,
                                                                    ne fournit plus guère de travail que pour 2 ou 3 personnes ; et dans ces
                                                                    conditions, il ne fut jamais possible de réaliser chez nos collègues un orga-
                                                                    nisme comparable à notre Caisse de Compensation  (73) ”.
                                                                         Celle ci datait des années 30 ; lorsqu’en 1931, la caisse de retraite
                                                                    des peseurs fut modifiée au profit de tous, mais à l’avantage immédiat des
                                                                    anciens, les jeunes peseurs ne manquèrent pas de considérer comme une
                                                                    charge nouvelle, l’accroissement de leur versement mensuel.
                                                                         La Caisse de Compensation devait leur fournir un accroissement des
                                                                    garanties substantielles et effectives.
                                                                         “Ceux qui réclamaient [les mesureurs] d’une part, et d’autre part,
                                                                    l’Administration qui recevait ces réclamations, jetèrent des regards lan-
                                                                    goureux vers notre caisse de compensation dont la situation financière
                                                                    était alors bien différente de ce qu’elle est devenue aujourd’hui  (74) ”.
                                                                         Le 15 mars 1933, l’adjoint intervint à nouveau auprès du président, lui
                                                                    demandant de prendre les mesureurs jurés contre la promesse d’une sub-
                                                                    vention annuelle de 80.000 francs, mais le caractère essentiellement provi-
                                                                    soire de cette subvention incita le président à refuser l’offre qui lui fut faite.
                                                                                                                                                 93 ——
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