Page 92 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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“C’est donc un rejet pur et simple ; une nouvelle utilisation des
                                  fonds de la Caisse de Compensation impliquait l’approbation de tous nos
                                  collègues, l’une des conditions essentielles n’étant pas réalisée, le projet
                                  n’est pas viable.
                                        La commission doit donc abandonner ce projet, à la suite d’un
                                  échange de vues avec les syndics, elle estime cependant que l’idée de
                                  mutualité est trop belle pour qu’il n’en soit plus question. ...
                                         M. Pellissier qui s’est particulièrement penché sur le problème de
                                  la mutualité, propose à la commission, l’adoption de la mention suivante :
                                  la commission administrative de 1932 constate que l’unanimité n’est pas
                                  acquise, qu’en conséquence cette première tentative de mutualité, que la
                                  commission avait placée sous le signe de la solidarité, échoue par suite de
                                  l’opposition d’un petit nombre de peseurs.
                                        La commission administrative déplore qu’une si belle œuvre ait pu
                                  trouver des opposants dans ce bureau et laisse la responsabilité de leur
                                  geste aux collègues qui ont cru devoir s’abstenir ; avant de passer à
                                  l’ordre du jour elle estime devoir affirmer que la mutualité étant repous-
                                  sée, le problème reste entier.
                                        Le droit, pour ceux qui ont sacrifié à l’intérêt général, de ne pas
                                  mourir de faim en cas de maladie, la commission s’emploiera à le faire
                                  respecter, et dans tous les cas, elle lui donne dans l’avenir, la priorité sur
                                  tout problème de réorganisation intérieure  (67) ”.






                                  Les conflits entre générations et entre corporations




                                        Les jaugeurs s’adressèrent à l’administration en 1885, pour sup-
                                  planter les mesureurs experts en bois. C’était logique qu’on ait pu leur
                                  adjoindre cette fonction. Jauger et mesurer c’est en somme toujours déter-
                                  miner le volume d’un corps ; mais les mesureurs experts en bois étaient un
                                  corps libre, hors de la tutelle et de la protection de la Ville.
                                        “Après une lutte très longue et acharnée pendant laquelle des scènes
                                  regrettables se produisirent, et chose plus regrettable encore, ces scènes se
                                  produisirent quelquefois devant le commerce même”,  la municipalité de
                                  l’époque, respectant les droits acquis des Mesureurs experts en bois, par un
                                            er
                                  arrêté du 1 janvier 1885, confia le mesurage des bois aux jaugeurs, mais à
                                  la suite des anciens mesureurs et par extinction de ces derniers.
                                        En octobre 1894, les jaugeurs réclamaient, par un mémoire adressé
                                  à M. le Maire, le pesage des Huiles et Vins. Le syndicat des peseurs jurés
                                  de commerce répondit par la même voie aux jaugeurs que le déclin de la
                                  jauge, qui remontait semble-t-il à près de quarante ans, ne pouvait être sup-
                                  porté par les peseurs.
                                        Le 29 octobre 1894, une entrevue contradictoire eut lieu par-devant
                                  M. le Maire. Jaugeurs et peseurs y développèrent leurs raisons.
                                        Après un long débat M. le Maire engagea les deux corps à s’en-
                                  tendre à l’amiable et trouver un terrain de conciliation. Diverses réunions
                                  furent tenues ; elles n’aboutirent à aucun résultat.
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